La nouvelle signalétique jeunesse

Plusieurs enquêtes ont révélé la méconnaissance par beaucoup d’adultes du sens des anciens pictogrammes de la signalétique jeunesse. Le CSA, a donc décidé de modifier le dispositif existant…
Au vu de plusieurs enquêtes révélant la méconnaissance par beaucoup d’adultes du sens des pictogrammes de la signalétique jeunesse, le CSA, en concertation avec les chaînes hertziennes, a décidé de modifier le dispositif existant. La mise à l’antenne de la nouvelle signalétique doit avoir lieu au plus tard le lundi 18 novembre 2002.

Historique

La mise en place de la signalétique jeunesse, en 1996, a marqué un progrès que nul ne conteste : jusque-là, les chaînes hertziennes avaient chacune leurs pictogrammes, de formes et de couleurs spécifiques, et leur propre système de classification. De plus, elles ne signalisaient que les téléfilms et les oeuvres cinématographiques. Cette année là, à la demande du Conseil, la couleur et les principes de classification ont été uniformisés sur l’ensemble des chaînes hertziennes, excepté sur Canal+ qui conserve des pictogrammes légèrement différents.

En 1998, toutes les chaînes hertziennes adoptent la même signalétique. Ce dispositif est repris par les chaînes du câble et du satellite en mars 2000, puis étendu, en 2001, à l’ensemble des programmes, magazines compris.

Pourquoi changer la signalétique existante ?

Une signaliétique mal comprise
En 1998, le CSA avait demandé aux chaînes de modifier le pictogramme vert qui correspondait à la catégorie II (Accord parental souhaitable). Le Conseil considérait en effet que la couleur verte n’était pas susceptible de transmettre un message d’alerte.

Les chaînes ont alors opté pour un pictogramme bleu. Malgré cette évolution, une enquête commandée à Médiamétrie en 2000 et réalisée auprès d’un échantillon de 500 parents a révélé que seuls 19% en comprenaient la signification exacte. En 2001, une autre enquête Médiamétrie a montré que ce pourcentage était passé à 26%, sans doute à la suite des campagnes d’information diffusées par les chaînes. Mais 48% des parents ne comprenaient toujours pas la dimension d’alerte de ce pictogramme et nombreux étaient ceux qui continuaient à y voir un signal d’autorisation, voire de recommandation, pour les enfants. De même, les autres pictogrammes apparaissaient mal mémorisés et leur signification, quoique meilleure, restait floue dans l’esprit des personnes interrogées.

Pourquoi changer la signalétique existante ? (suite)

Une signification abstraite
Qui plus est, les mentions qui accompagnaient jusqu’alors les pictogrammes étaient abstraites : ‘Accord parental souhaitable’, ‘Accord parental indispensable’, formules inspirées de l’expression anglo-saxonne ‘Parental guidance’, renvoyaient certes à une responsabilité parentale mais pouvaient laisser entendre que l’adulte avait la possibilité ou la disponibilité de s’informer sur le programme, voire de le visionner avant les enfants. Aussi ces recommandations, peu conformes à l’usage de la télévision dans les foyers n’ont-elles eu qu’une efficacité limitée.

Le Conseil a donc décidé, en juin 2002, de faire évoluer la signalétique afin de rendre les pictogrammes plus explicites et les avertissements plus clairs, sans pour autant négliger le confort de visionnage des téléspectateurs. Après avoir consulté parents et fédérations de parents d’élèves, recueilli l’avis du public grâce à l’ouverture, en juin, d’un forum de discussion sur son site Internet, et reçu en audition le Collectif interassociatif Enfance et médias (auteur du rapport L’Environnement médiatique des jeunes de 0 à 18 ans : que transmettons-nous à nos enfants ?), le Conseil a proposé plusieurs évolutions du dispositif. D’emblée, les responsables des chaînes ont admis le principe de la signalisation par âge.

La nouvelle signalétique

Une signalétique plus claire
A l’instar de ce qui existe pour les autres médias (films de cinéma, jeux vidéos, livres pour enfants), la nouvelle signalétique jeunesse délivre en effet des recommandations pratiques en termes d’âge :

Catégorie I
Tous publics
(pas de signalétique)
Catégorie II
Déconseillé aux moins de 10 ans
(des programmes dont certaines scènes sont susceptibles de heurter les moins de 10 ans).
Catégorie III
Déconseillé aux moins de 12 ans ou
Interdit en salle aux moins de 12 ans
(des programmes pouvant troubler les moins de 12 ans, notamment lorsque leur scénario recourt de façon répétée et systématique à la violence physique ou psychologique).
Catégorie IV
Déconseillé aux moins de 16 ans ou
Interdit en salle aux moins de 16 ans
(des programmes à caractère érotique ou de grande violence, susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des moins de 16 ans).
Catégorie V
Déconseillé aux moins de 18 ans ou
Interdit en salle aux moins de 18 ans
(des programmes réservés à un public adulte et qui, en particulier par leur caractère obscène, sont susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des moins de 18 ans).

Une plus longue présence à l’antenne

Les modalités de présentation à l’antenne des pictogrammes et des mentions qui les accompagnent ont, elles aussi, été modifiées.

  • Dans les bandes-annonces : le pictogramme doit apparaître pendant toute la durée de la diffusion.
  • Dans les autres programmes : pour les programmes de catégorie II, la durée d’affichage à l’antenne a été allongée de une à cinq minutes, en début de programme ou pendant la diffusion du générique. Il doit réapparaître, accompagné de la mention ‘Déconseillé aux moins de 10 ans’ pendant une minute après les éventuelles interruptions de programme. Pour les programmes d’une durée supérieure à trente minutes et ne comportant pas de coupures publicitaires, cette mention devra apparaître une seconde fois pendant une minute en même temps que le pictogramme. Les pictogrammes des catégories III, IV et V doivent être visibles en permanence.
    La durée d’affichage des avertissements au public a été allongée à une minute pendant la diffusion du générique ou en début de programme, et fixée à une minute après les éventuelles interruptions de programme.

    La signalétique n’exonère pas les chaînes de respecter les dispositions du décret n°90-174 du 23 février 1990 modifié relatives à l’avertissement préalable du public, tant lors de la diffusion d’oeuvres cinématographiques interdites aux mineurs que dans les bandes-annonces qui les concernent.

Les objectifs de cette nouvelle signalétique

Renforcer non la censure, mais la vigilance des adultes
L’objectif de la signalétique jeunesse est clair : il ne s’agit pas d’aseptiser le petit écran de toute représentation de violence ou d’érotisme mais de renforcer à la fois la vigilance des chaînes, grâce à la classification de chaque émission et au choix d’un horaire de diffusion approprié, et celle des parents, alertés par la présence d’un pictogramme sur les bandes-annonces, sur le programme lui-même ainsi que sur les annonces faites dans la presse.

L’efficacité du dispositif de la signalétique jeunesse dépend donc à la fois de la cohérence et du sérieux de la classification effectuée par les chaînes et de son bon usage par les adultes.

L’impact des programmes télévisés sur l’épanouissement des enfants et la construction de leur personnalité a longtemps été sous-estimé en France. Mais depuis quelques années, les travaux de pédiatres, de psychiatres et de psychanalystes qui témoignent de l’impact perturbateur de certains programmes télévisés (mais aussi de jeux vidéos, de films de cinéma, etc.) connaissent un large écho.
Cet impact est d’abord d’ordre psychologique : difficultés d’endormissement, stress, anxiété, honte. Confronté à des représentations de violence, d’atteinte à l’intégrité physique ou à la dignité des personnes, l’enfant élabore des stratégies de défense : désensibilisation à la violence, agressivité personnelle, voire agressivité de groupe. L’impact des programmes violents agit aussi sur la représentation que l’enfant se fait du monde : surévaluation de la violence dans la réalité, vision négative de l’avenir, tolérance plus grande à l’égard de comportements agressifs et sexistes.
Dans une société où les enfants ont un large accès aux médias, il est important que les adultes soient sensibilisés à ces enjeux. L’objectif de la signalétique est d’être un outil de protection des enfants et des adolescents, un moyen de protéger l’épanouissement de leur personnalité, de préserver leur équilibre affectif et psychologique, et de soutenir les adultes dans leur souci de veiller à la qualité des programmes regardés par les plus jeunes.

Ce dispositif fait appel à la responsabilité de tous : celle des diffuseurs, qui ont l’entière maîtrise éditoriale des programmes ; celle des parents, auxquels il appartient de veiller au choix des programmes que voient leurs enfants ; celle des enseignants enfin, qui doivent éduquer les enfants à l’image.
La tâche du régulateur reste essentielle : elle est de s’assurer que soient appliqués tous les dispositifs mis en oeuvre pour la protection des mineurs. Aussi le CSA veille-t-il au respect des règles définies ainsi qu’à l’application de ses recommandations, en signalant aux chaînes les cas de désaccords et sanctionnant le cas échéant les manquements graves. Le Conseil tient compte et examine toutes les plaintes qu’il reçoit, que celles-ci émanent d’associations de téléspectateurs, d’associations familiales ou de simples téléspectateurs.

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